Le Jardin secret (The Secret Garden) est un film britannico-américain sorti en août 1993, réalisé par Agnieszka Holland. C'est l'histoire, au XIX° siècle, d'une jeune orpheline recueillie par son oncle dans un lugubre manoir du Yorkshire et qui, en explorant la propriété, va découvrir un jardin laissé à l'abandon depuis la mort de sa tante, disparue prématurément. La jeune fille décide d'en faire son domaine et, aidée d'un jeune domestique, elle va redonner vie non seulement au jardin mais également aux habitants de la triste demeure, qui restaient jusqu'à présent cloîtrés, maladifs et comme retirés de la vie.
Grâce au pouvoir transfigurateur de l'enfance, et en communion avec l'éveil de la nature, tout redevient possible, accessible, libéré, beau et neuf. C'est l'avènement du printemps, jusqu'au cœur des êtres. Le jeune garçon chétif, qui ne se déplaçait qu'en chaise roulante ou à l'aide de béquilles, retrouve ses forces et ses facultés et se remet en marche, mu par la force irrésistible d'une espérance renouvelée et d'une vitalité retrouvée. Par l'appel de la vie, tout simplement. Toutes ces métamorphoses inattendues — au même titre que les éclosions de la nature observées avec une attention dévorante par l'enfant — sont de l'ordre du petit miracle : elles intiment que, par une série de lents réapprivoisements successifs, tout peut renaître, y compris ce que l'on croyait disparu pour toujours. On dirait même que la restauration du jardin secret a le pouvoir de maintenir vivante celle, disparue, qui en fut la propriétaire et qui en devient la muse inspiratrice, l'ange gardien, la secrète et bénéfique présence. Les liens d'affection resurgissent aussi entre le père et le fils ; tout retrouve sa place et son sens.
On remarquera la symbolique de la clé (celle des songes ?) qui permet d'ouvrir ce qui semblait définitivement fermé suite au deuil d'un être cher, à commencer par la joie, l'espérance, les lendemains qui chantent. Et si, à la lumière de cette séquence, nous revisitions notre propre jardin secret, en nous montrant attentif à son équilibre, à sa beauté, à ses éclosions subtiles ? Si nous nous efforçions de restaurer les harmonies de l'être, en prenant soin de la part la plus sensible de nous-même, tout comme celle des autres, et du monde qui nous entoure ?