Les Réenchanteurs Associés

Les chroniques sonores des Réenchanteurs Associés

Rubrique consacrée au réenchantement, à l'expression de la vie dans ce qu'elle a de merveilleux, d'unique, d'édifiant, afin que nous choisissions notre camp : celui des veilleurs de valeurs et des passeurs de lumière et d'espérance. Quelques minutes pour prendre le temps de vivre, pour renouveler son regard sur le précieux de la vie, pour renouer avec les simplicités originelles hors desquelles il n'est point de plénitude possible.
À bon réenchanteur, salut !

PRINTEMPS DES POÈTES :

L'autre, altérable comme nous
Marie-Claire Bancquart - Poème dit par Vincent Eymard
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« L'Autre, altérable comme nous, secret, habité d'entrailles et de souvenirs, serre notre main dans sa main chaude, et quelque chose vous unit soudain: certitude de vivre ensemble dans le même mince repli du temps sur le même point de notre planète. Une force à deux. Peut-être une tendresse. Quelquefois le plaisir qu'un arbre sente bon, et qu'une parole commune puisse le dire. » Marie-Claire Bancquart vit à Paris. Professeur émérite de littérature française contemporaine à l’Université de Paris-IV (Sorbonne), auteur d’essais et d’articles sur la période 1880-1914, sur Paris et les écrivains ( quatre tomes, de 1880 à nos jours) et sur la poésie contemporaine. Elle a obtenu les prix de poésie Max Jacob, Vigny, Supervielle, prix d’automne de la Société des gens de Lettres, et prix de poésie 2006 de la ville de Lyon. Membre des jurys des prix Apollinaire, Ivan Goll et Max-Pol Fouchet, et de divers autres prix. Nombreuses lectures et ateliers en France et à l’étranger.
Un battement en elle
Mireille Fargier-Caruso - Poème dit par Françoise Gal
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« un battement en elle un mouvement d’eau douce rayonnement où elle s’enracine au centre l’enfantement quand la douleur fait craquer les limites dans la violence d’une joie infinie la chair s’écarte pour laisser passer l’autre déjà s’échappe une liberté neuve lames de fond une histoire de mer recommencée toujours l’amour prend corps lui tout contre voudrait apaiser son cri essuie son front dedans c’est elle elle dont le corps se rompt elle qui touche l’illimité au bord du gouffre elle se lie à l’espèce ancre la permanence avec sa chair dans l’évidence limpide d’une suite elle rassemble de ses gestes ronds ce que la souffrance éparpille douleur de la séparation de toute éternité les mères sont quittées pour que les hommes vivent la nuit dans leurs paumes en creux l’amour réunit leurs âmes ils s’unissent saisissent le sens Mireille Fargier-Caruso est née en Ardèche. Elle vit aujourd’hui à Paris. Elle a enseigné la philosophie, puis est devenue bibliothécaire en banlieue parisienne. Elle collabore à de nombreuses revues et anthologies. Certains de ses poèmes sont traduits en anglais, allemand et grec.
Le Temps réconcilié
Extrait de “De la poussière et de la grâce”, Rougerie
Hélène Cadou - Poème dit par Frédérique Martin
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1. Entre deux toits Le bleu Comme un appel de colombe La lucarne Seul regard Pour toute une vie Qui rêve de sa vacance 2. C'était une demeure D'ici et maintenant Bousculée par le ciel Et les erreurs Du vent Qui emportait Nos rêves Avec fruits et moissons Qui emportait Nos rêves Avec fruits et moissons C'était une demeure Du ciel sans frontières Les murs étaient d'ici Le ciel était chez lui Nous y vivions le jour Connaissions le mot fin Le temps réconcilié A sa perte éternelle. Née en 1922, Hélène Cadou a attendu près de 50 ans pour nous livrer ses souvenirs. Son mari, René Guy Cadou souhaitait qu'elle tienne un journal. Elle ne l'a jamais fait, sachant que les années étaient comptées. Le livre qu'elle nous donne aujourd'hui est bouleversant. A travers une écriture lumineuse, elle retrace que fut leur vie à Louisfert de 1946 à 1951, avec ce bonheur tout neuf qui s'assombrit peu à peu au fil de la maladie. La mort survient dans la chambre « à l'avant du navire » le 21 mars 1951.
Chaleur
Extrait de L'Ombre des Jours (1902)
Anna de Noailles - Poème dit par Ange de Tancrède
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« Tout luit, tout bleuit, tout bruit. Le jour est brûlant comme un fruit Que le soleil fendille et cuit. Chaque petite feuille est chaude Et miroite dans l'air où rôde Comme un parfum de reine-claude. Le soleil comme de l'eau pleut Sur tout le pays jaune et bleu. » La comtesse Anna-Elisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, poétesse et romancière française, d'origine roumaine, est née à Paris en 1876 et décédée en 1933. Anna de Noailles écrit trois romans, une autobiographie et un grand nombre de poèmes. Au début du XXe siècle, son salon de l'avenue Hoche attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque parmi lesquels Edmond Rostand, Paul Claudel, Colette, André Gide, Paul Valéry, Jean Cocteau, Alphonse Daudet ou encore Max Jacob. En 1904, avec d'autres femmes telles que Judith Gautier, fille de Théophile Gautier, Anna de Noailles crée le prix « Vie Heureuse », issu de la revue du même nom, qui deviendra plus tard le prix Femina, récompensant la meilleure ?uvre française écrite en prose ou en poésie. Elle meurt en 1933 et est inhumée au cimetière du Père-Lachaise à Paris mais son c?ur repose au cimetière d'Amphion-les-Bains, en Haute-Savoie.
« Je te suis bien plus proche qu'étranger »
Extrait de “Poèmes pour un texte” (1970-1991) Flammarion
Andrée Chédid - Chanson composée et chantée par Fabienne Marsaudon
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« Par l’univers-planète Univers à toute bride Par l’univers-bourdon Dans chaque cellule du corps Par les mots qui s’engendrent Par cette parole étranglée Par l’avant-scène du présent Par vents d’éternité Par cette naissance qui nous décerne le monde Par cette mort qui l’escamote Par cette vie Plus bruissante que tout l’imaginé TOI Qui que tu sois ! Je te suis bien plus proche qu’étranger » Dans ce poème (Toi-Moi) qui évoque l'insondable correspondance entre l'intime et l'universel, Andrée Chédid exprime le fondamental sentiment de fraternité qui nous relie, jusque dans la musique des sphères et dans les cellules de notre corps, et que vient éveiller le moindre bruissement de vie. Cette chanson, merveilleusement interprétée par Fabienne Marsaudon, figura parmi les dix textes sélectionnés par le jury du Concours Andrée Chédid du Poème chanté, édition 2010 de l'organisation officielle du Printemps des Poètes. Merci à Fabienne Marsaudon de nous en avoir autorisé librement la mise en ligne sur l'espace des Réenchanteurs Associés. C'est un bel hommage à Andrée Chedid qui a rendu son dernier souffle à l'âge de 90 ans le 6 février 2011.